Le commerce équitable et les collèges

21 janvier 2019

Chronique de Raymond-Robert Tremblay, coordonnateur du PEEC

Un caféiculteur reçoit moins de 1,50$ pour le café qui se vendra aisément 30$ le kilo au Canada. On pourrait faire des observations similaires avec les bananes, le coton ou les vêtements, sans parler des composantes électroniques de nos téléphones cellulaires! Le mouvement du commerce équitable provient de cette constatation : dans nos échanges avec les pays moins fortunés, les intermédiaires et les grandes entreprises s’en mettent plein les poches, pendant que les producteurs, qui ne disposent pas des droits et protections sociales que nous jugeons essentiels au Québec, reçoivent la portion la plus congrue pour leurs produits. Le mouvement du commerce équitable, présent dans certains commerces et dans quelques cégeps et universités, repose sur une certification assurant une rétribution plus intéressante et moins injuste au producteur. Les apprentis entrepreneurs des collèges se soucient souvent de valeurs sociales et donc le mouvement du commerce équitable y est présent.

Loïc de Fabritus, agent de projet à l’association québécoise du commerce équitable – AQCE, Julie Francoeur, directrice générale de Fairtrade Canada, organisme de certification équitable, et Annabelle Caron, agente de développement à l’éducation et la mobilisation du public au Comité de solidarité / Trois-Rivières

Le 16 novembre 2018, l’INRPME (Institut de recherche sur les PME de l’UQTR) organisait une série de rencontres conférences à ce sujet, auprès de groupes étudiants et du public en général. Cet aspect devrait mobiliser les collèges, en prenant exemple sur certains qui combinent rigoureusement l’entrepreneuriat et le commerce équitable. Si les cégeps offrent souvent du café, du thé ou du chocolat équitable, il est plus rare qu’on y trouve une gamme complète de produits, comme au cégep Sorel-Tracy, un membre dynamique du PEEC, dans son Magasin du Monde : «Orchestré par Oxfam Québec et le secteur de la vie étudiante du Cégep de Sorel-Tracy, le Magasin du Monde est une activité parascolaire qui rassemble des étudiantes et des étudiants désireux de s’engager dans une entreprise d’économie sociale vouée à la promotion du commerce équitable.» Depuis 2011, on y retrouve une quinzaine de gammes de produits, incluant des tuques confectionnées en laine équitable! Les jeunes qui s’y impliquent développent à la fois leurs compétences entrepreneuriales et leur conscience sociale. Ce qui est assez exceptionnel et lui a valu de nombreuses fois de gagner des prix comme le prix canadien Fairtrade 2017.

L’équipe actuelle du Magasin du Monde: Gabrielle Lavallée, Marie-Hélène Bibeau, Alina-Gabriela Helciug, Léalu Que-Trépanier, Molly Tremblay Lavallée, Charlotte Gauthier, Casandre Monette, Deka Ibrahim, Chloé Adjanilla Ralaibeza, Lina Laddi, Marie-Éloïse Lavoie-Martel.

Pour revenir à nos conférencières et conférencier, il faut tout d’abord prendre en compte les liens entre le commerce équitable et le développement durable. En effet, la production dite équitable est beaucoup plus soucieuse de protéger l’environnement de production, de réduire les pesticides utilisés, par exemple, et d’offrir aux paysans et travailleuses des services de santé communautaire. Cette situation concerne de très nombreux pays dans le monde et en fait toute la planète si on tient compte aussi des pays les plus consommateurs, souvent les plus riches et les plus à même d’agir en faveur de ces coopératives de producteurs.

Extrait du cahier « Le commerce équitable, Album pédagogique» (p.16) publié par le Réseau In-terre-actif, un réseau qui intervient auprès des jeunes de Trois-Rivières. www.in-terre-actif.com

L’organisme Fairtrade, non seulement certifie la nature équitable de la production, notamment en intervenant auprès des producteurs, le plus souvent regroupés en coopératives, mais aussi il s’assure d’une distribution la plus directe possible au consommateur, notamment en raccourcissant le trajet entre le producteur et le consommateur et en garantissant la traçabilité des échanges. Plus de 7000 produits sont certifiés et 80% d’entre-eux sont aussi certifiés bios.

On voit une fois encore que l’esprit entrepreneurial n’est pas opposé à des valeurs sociales comme l’équité du commerce. Cela paraîtra évident dans les collèges où une bonne proportion des projets étudiants comportent une dimension biologique, équitable ou d’entrepreneuriat social : quelquefois les trois, comme en fait foi cet énoncé de principe qu’on retrouve sur le site web du Magasin du Monde cité précédemment : «Le commerce équitable est un partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète.»

Certains chercheurs éminents consacrent leur carrière à étudier l’entrepreneuriat équitable et durable, comme, par exemple, le directeur de l’INRPME, monsieur François Labelle, chercheur et directeur de publication de l’ouvrage Les PME en marche vers le développement durable.

François Labelle, directeur de l’INRPME et spécialiste du développement durable pour les PME. En arrière plan sa collègue la professeure Audrey Groleau.

Bref, nous pouvons conclure que le commerce équitable devrait occuper une place de choix en entrepreneuriat social, susceptible d’intéresser les cégépiens, dans la mesure où il combine un intérêt pour le monde des affaires et pour celui des échanges internationaux. C’est en quelque sorte la face souriante de la mondialisation. Il représente un milieu riche et vaste, qui peut également amener ces jeunes à faire des recherches sur des aspects géographiques, économiques, éthiques, sociaux et communautaires des phénomènes d’échanges commerciaux. C’est donc un domaine éducatif à investir.


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Le PEEC outille les intervenants entrepreneuriaux des collèges afin d’intervenir dans tous les aspects de l’entrepreneuriat éducatif en enseignement supérieur. Ainsi, il favorise la persévérance et la réussite scolaire, de même que l’implication des apprentis entrepreneurs dans leur communauté. En complémentarité avec les autres organismes
œuvrant en entrepreneuriat, il stimule l’entrepreneuriat étudiant à travers ses trois
axes:

  1. La sensibilisation
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  3. La réalisation.

Le PEEC encourage l’apprentissage dans l’action et l’entrepreneuriat responsable et social.

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