La pédagogie autochtone : « entrepreneuriale », pas à peu près!

25 septembre 2019

Récemment reconnue, la pédagogie autochtone a longtemps été dans la mire d’auteurs et de chercheurs curieux de comprendre ses fondements théoriques. En effet, qu’elles soient occidentales ou ancestrales, les pratiques pédagogiques intuitives et implicites valent souvent la peine d’être explorées et comprises. En vérifiant la validité théorique des pratiques, ces recherches permettent notamment de produire une connaissance utile aux praticiens et d’améliorer leurs pratiques pédagogiques. 

Source de l’image: École Immaculée-Conception. https://www.csdcab.ca/immaculee-conception/notre-ecole/nouvelles/la-journee-nationale-des-peuples-autochtones/?fbclid=IwAR1GPqYWgCq5ubCgB2zGAJbwnHyJwD6AFHa8AR2pHHJbPv4Kk3vWNEQww18

Qu’est-ce que la pédagogie autochtone?

La pédagogie autochtone valorise une vision holistique du monde, en vue du développement de savoirs dynamiques en lien constant avec la famille immédiate, élargie, la communauté et la Nation autochtone, à laquelle appartient l’individu (Archibald cité dans Campeau, 2018). Dans une pédagogie autochtone, il n’y a aucune hiérarchisation : ni des savoirs ni des relations entre élèves et enseignants. L’approche relationnelle est un facteur déterminant pour le développement des apprentissages.

Les caractéristiques de la pédagogie autochtone

  • L’une des plus importantes caractéristiques de la pédagogie autochtone est l’harmonisation des savoirs avec l’environnement. Pour Campeau (2018), « Cette pédagogie contribue à engager l’élève dans une action concrète où plusieurs des sens sont sollicités dans un monde en trois dimensions plutôt que dans un monde littéraire. » 

 Cette pédagogie contribue à engager l’élève dans une action concrète où plusieurs des sens sont sollicités dans un monde en trois dimensions plutôt que dans un monde littéraire. 

Compte tenu de cette particularité, la modélisation, la pratique, l’animation, les dialogues, les observations participantes, les méditations, les mythes et légendes, de même que les cérémonies et rituels ont préséance. Nous y voyons plusieurs équivalences dans le paradigme occidental : les réseaux de connaissance, l’apprentissage expérientiel et actif, les interactions sociales, l’observation, le storytelling et les événements empreints d’intentions pédagogiques. Naturellement, l’aspect spirituel n’est pas pris en compte notamment en raison de la laïcité de l’état et donc, des établissements scolaires publics.

  • Un autre facteur dont il faut tenir compte est l’intention de cette façon d’enseigner. Selon l’auteur, « L’apprentissage vise d’abord un développement de soi tout au long de la vie.»

L’apprentissage vise d’abord un développement de soi tout au long de la vie.

Autrement dit, les autochtones perçoivent une valeur innommable dans le développement des compétences transversales de l’apprenant. Pour eux, les valeurs d’appartenance à la communauté, le respect de l’identité propre de chacun, la reconnaissance, l’équité, les droits et responsabilités par rapport à leur communauté et le respect des aînés et de leur apport dans l’éducation s’y trouvent fortement préconisés. »

Concrètement, que préconise la pédagogie autochtone?

  • Des apprentissages fondés sur des relations avec un enseignant « effacé », qui recourt en priorité à des personnes-ressources de la communauté pour combler les besoins de l’apprenant. 
  • Des relations et des apprentissages en prise avec l’environnement et le contexte écologique, afin de développer des savoirs locaux, contextualisés et applicables dans la vraie vie. L’environnement d’apprentissage est plutôt considéré comme une communauté d’apprentissage dont le fondement est l’approche relationnelle. 
  • L’enseignant et l’étudiant ont une relation de partenariat. Dans cette perspective, l’enseignant guide les apprentissages que l’apprenant développe en explorant, dans une approche essai-erreur, en toute liberté. Celui-ci est donc au cœur de son processus de développement et en est entièrement responsable. L’un des points forts de cette approche est la possibilité d’apprendre à son rythme.

Des points communs avec la pédagogie entrepreneuriale?

Dans la pédagogie autochtone, l’entrepreneuriat n’est pas clairement considéré comme un outil permettant à l’apprenant de développer ses savoirs. Cependant, l’idée de s’entreprendre soi-même y est clairement véhiculée.En ce sens, la vocation de la pédagogie autochtone est très similaire à celle de la pédagogie entrepreneuriale. En effet, les deux visent le développement des compétences transversales de l’apprenant, afin de le rendre autonome et apte à faire face aux enjeux de la vie réelle, à trouver sa place dans son environnement et à y contribuer de manière active. La pédagogie entrepreneuriale est une stratégie d’enseignement qui a vu le jour vers la fin des années 1970 (Katz, cité dans Philippe 2018) et c’est à la Durham University Business School que l’on doit l’introduction de l’entrepreneuriat dans les salles de classe. Selon l’auteure, qui cite Pépin (2010), au Québec, elle s’est plutôt manifestée vers 1967. 

Deux constats s’imposent : 

  • Dans les établissements collégiaux québécois, séparer l’esprit d’entreprendre de l’esprit d’entreprise constitue un défi pour plusieurs. En effet, les intervenants en entrepreneuriat peinent à rallier les enseignants dans l’adoption d’une pédagogie qui, au final, vise le développement de l’esprit d’entreprendre, vus comme un ensemble de compétences détenant une grande valeur éducative et dont l’impact sur le développement personnel de l’étudiant est indéniable. 
  • Tandis que les cégeps tentent de démystifier et de décloisonner l’entrepreneuriat, voire de trouver des expressions qui suggèrent de moins en moins l’idée de « développement d’entreprises » souvent associée à la pédagogie entrepreneuriale, dans le contexte autochtone, cela ne semble pas être un problème, puisque l’entrepreneuriat n’y est pas clairement évoqué.

En conclusion, qu’elle soit autochtone ou entrepreneuriale cette forme de pédagogie active, expérientielle, socialisante, situant l’apprenant est au centre de son apprentissage, contribue à son développement de manière holistique. À l’ère où l’être humain doit démontrer qu’il a encore sa place dans un monde où les technologies semblent rivaliser de performance avec lui, le développement du savoir-être et du potentiel individuel, que facilitent ces approches pédagogiques, s’avère particulièrement pertinent. Elles sont donc des options valables et adaptées aux enjeux sociaux, écologiques, technologiques et économiques actuels. Ces enjeux de taille exigent que l’apprenant soit en prise directe avec son environnement afin de l’apprivoiser le plus tôt possible et d’en connaître les défis pour être prêt à agir efficacement. 

Références utiles

  • Philippe, M. (2018). Les fondements théoriques de la pédagogie entrepreneuriale (projet de fin d’études, Université Laval, Canada)
  • Campeau, D. M (2017, 5 mai). La pédagogie autochtone. Persévérance scolaire des jeunes autochtones. Page consultée le 19 septembre 2019 sur http://psja.ctreq.qc.ca/nouvelles/la-pedagogie-autochtone/
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