Les répondants entrepreneuriaux des collèges restent mobilisés

23 avril 2020

Le confinement généralisé des étudiants et du personnel des collèges québécois en raison de la pandémie de la COVID-19 a entraîné une remise en question complète des pratiques. Du jour au lendemain, il a fallu enseigner et encadrer les étudiants à distance et ainsi réinventer les pratiques d’animation et d’apprentissage. Les répondants entrepreneuriaux des collèges sont généralement des professionnels qui œuvrent soit à la direction des études, soit aux affaires étudiantes ou encore comme enseignants. À ce titre, ces personnes sont au front pour renouveler les pratiques d’animation et d’éducation entrepreneuriale. Nous étions une trentaine provenant de plus de 24 collèges en vidéoconférence, le mercredi 22 avril 2020, à réfléchir sur l’adaptation des interventions éducatives entrepreneuriales dans ce nouveau contexte, aussi bien pour l’immédiat qu’en fonction de l’avenir de l’éducation collégiale.

30 personnes: on ne peut pas toutes les voir dans un seul écran Zoom !

La situation dans les collèges durant la pandémie de la COVID-19

Le confinement généralisé promulgué à la mi-mars a certainement représenté un choc autant pour le personnel que pour la population étudiante. D’abord, les cours ont subitement dû être transformés en fonction d’un enseignement à distance. Évidemment, l’étude et l’enseignement à distance sont devenus la priorité des collèges. La reprise fut lente et dans certains cas extrêmement difficiles, mais grâce aux idées novatrices et à l’inventivité du personnel, on a effectivement pu voir les activités reprendre et se poursuivre. On observe de plus en plus de ressources éducatives disponibles en ligne, des vidéos par exemple, proposées par les enseignants ou encore le recours à des modalités d’apprentissage en ligne de toutes sortes s’appuyant sur des outils de télécommunication, de visioconférence ou de partage de documents.

Une personne répondante entrepreneuriale d’un collège témoigne :

« De notre côté, nous sommes plutôt dans les bilans et la planification pour l’année prochaine. Nous sommes en attente des budgets pour l’ensemble de la vie étudiante. Pour ma part, je réalise un projet qui est celui de retourner aux études en septembre! »

 L’animation entrepreneuriale repose sur l’organisation d’événements, de conférences ou  d’ateliers avec des clubs d’entrepreneurs étudiants : le défi d’organiser tout ça dans le nouveau contexte, en virtuel, se pose.  C’est évidemment un très gros changement, mais certains avantages assez pratiques prennent le devant. En effet, on se déplace moins, on a plus de temps pour réfléchir, on est moins dans le brouhaha des interruptions continuelles, on peut même y voir de nouvelles opportunités.  Malgré tout, certains projets sont reportés ou mis sur la glace. Comme on ne connaît pas les conditions de la reprise de l’automne prochain, ce climat d’incertitude, d’anxiété ou de stress chez les jeunes fait en sorte qu’il est devenu plus difficile de se projeter dans l’avenir. Tout cela demande beaucoup de flexibilité. 

Jean-Philippe L’Écuyer du Cégep de Saint-Jérôme

Néanmoins, chacun peut gérer son temps d’une manière qu’on espère équilibrée, malgré l’improvisation qu’exige la présence des enfants et les autres responsabilités liées au contexte économique.  De nombreux ajustements sont requis, car il faut apprendre à maîtriser de nouveaux outils technologiques et implanter de bonnes pratiques. Dans certains cas, les plans de cours doivent être complètement réécrits tout comme les séquences d’ateliers dans les parcours entrepreneuriaux. 

Une personne répondante entrepreneuriale d’un collège témoigne :

« Je trouve que le taux de participation des étudiants en entrepreneuriat est très bas. Nous avons le Club entrepreneur qui est comme une locomotive pour attirer des jeunes à l’entrepreneuriat. Habituellement, le Club est présent à la rentrée scolaire. Toutefois, outre le Club, comment recrutez-vous de nouveaux élèves pour la prochaine session ? Je crois que le PEEC pourrait m’aider à ce niveau. »

La révision des pratiques

Compte tenu des circonstances, certains répondants vont se consacrer à des tâches souvent négligées à caractère administratif ou à documenter leurs projets dans des documents mieux structurés. D’autres entreprennent une réflexion approfondie sur leurs pratiques habituelles ou forgent de nouveaux outils pour la suite des choses.  

Passé le premier choc, on peut dire que les étudiants sont redevenus disponibles après quelques semaines et, en effet, les répondants cherchent à reprendre leurs projets entrepreneuriaux. Les échanges avec les étudiants représentent pour ces derniers une agréable parenthèse, à la fois divertissante et constructive. Justement, les pratiques entrepreneuriales peuvent contribuer à redonner du sens aux études.  Par exemple, certains répondants offre un service-conseil aux étudiants en mode virtuel, ce qui permet de poursuivre la réflexion sur différents projets et sur les moyens de les mettre en œuvre, dans le nouveau contexte. On peut également transformer certaines activités sous une forme à distance. Cela suscite de l’intérêt et de nouveaux sujets apparaissent comme : la manière adéquate de faire une présentation rapide de son projet d’entreprise en utilisant une caméra.  

Les répondants voient qu’il devient de première importance d’intégrer les compétences technologiques aux compétences entrepreneuriales.  Plusieurs ont organisé des séances de mentorat virtuelles et de façon générale les membres du PEEC sont encouragés par ces nouvelles perspectives.

Une personne répondante entrepreneuriale d’un collège témoigne :

« Au cégep… , nos journées entrepreneuriales se sont terminées juste avant la COVID-19. Ça a super bien été, très bonne participation des étudiants et des enseignants. On attend des photos de notre service des communications pour vous en partager quelques-unes. La priorité maintenant est de bien terminer la session avec nos étudiants. Je dois vous laisser maintenant. Je dois donner un cours sur Zoom 🙂 »

Plusieurs ont souligné le fait qu’à la suite de cette crise, malheureusement, de nombreuses entreprises vont fermer leurs portes. Il y aura donc un besoin encore plus grand de stimuler l’entrepreneuriat pour relancer l’économie et pour offrir une solution de rechange au chômage.  L’ambition et l’idée d’entreprendre sont habituellement plus présentes à la suite d’un tel bouleversement. C’est là que la gestion de crise devient la gestion de nouvelles opportunités : la nouvelle situation rend possible et nécessaire la mise en place de projets innovants, que ce soit dans le domaine socio économique ou du développement durable. La question se pose: est-ce qu’on reconstruit la société comme telle, ou est-ce qu’on promeut une économie plus verte et des pratiques généralement plus écoresponsables, par exemple dans le domaine du tourisme, de l’industrie ou des événements ?

Mireille Aubé du Cégep Garneau

Un rôle essentiel renouvelé

Soulignons que les étudiants des clubs d’entrepreneurs, même s’ils ont été un peu déstabilisés au début, sont maintenant motivés et souhaitent prendre des initiatives comme produire des vidéos promotionnelles pour recruter de nouveaux membres l’année prochaine. Pour ce faire, ils ont besoin de soutien et d’être alimentés par les répondants entrepreneuriaux.  Il est important de lutter contre l’isolement et de ne pas s’enfermer en vase-clos vis-à-vis des collègues ou des élèves. Nous avons intérêt à nous ouvrir et à trouver de nouvelles façons de nous connecter avec nos collaborateurs internes et externes et avec les autres éducateurs des collèges.

Une personne répondante entrepreneuriale d’un collège témoigne avec enthousiasme :

Des réunions d’équipe au sein du PEEC ? « Bonne idée! Tout dépend des objectifs recherchés lors des prochaines rencontres, peut-être qu’il pourrait être intéressant de faire de plus petits groupes afin de favoriser les échanges ? J’adorerais brainstormer sur des sujets spécifiques. » 

Autre point de préoccupation, la présence d’étudiants étrangers est remise en question par le contexte actuel. Justement, ne devrait-on pas nous appuyer sur l’enseignement à distance pour les rejoindre à nouveau? Il est important que le réseau constitué par le PEEC puisse mettre en valeur les initiatives des collèges, faire la promotion de nos meilleurs outils et qu’on puisse dégager ensemble de nouvelles façons de faire pour promouvoir l’entrepreneuriat éducatif. C’est le coeur de notre action. Notre mission demeure centrée sur l’éveil à l’esprit entrepreneurial et le soutien au développement de ces compétences: partager nos expériences afin qu’elles puissent être transférées. 

Paradoxalement, la situation actuelle a pu rapprocher des gens et les amener à échanger davantage sur le sens fondamental de leur action. Certains sont amenés à se réunir plus régulièrement et à échanger au-delà des divisions institutionnelles qu’on retrouve dans les collèges, entre le secteur socioculturel, la formation continue, ou la direction des études, par exemple. Enfin ce partage permet de développer ses compétences, sa créativité et amène les gens à trouver ensemble des formules adaptées à la situation. 

Sylvie Turnbull du Cégep de l’Outaouais

À titre d’idée innovante, prenons l’exemple d’un gala annulé : pourquoi ne pas imaginer un gala en ligne par le biais d’outils bien connus comme YouTube ou Facebook live, Zoom ou Microsoft Teams ? Ces outils qui semblaient réservés à la formation à distance ou à l’usage de certains professeurs plus aventureux deviennent les outils quotidiens de beaucoup de monde. À ce titre, nous avons besoin non seulement de formation, mais aussi d’identifier les meilleures pratiques et de les propager de telle sorte que le développement des compétences entrepreneuriales puisse se poursuivre sur ces nouvelles bases.  À cette fin, le PEEC pourra répertorier ces initiatives entrepreneuriales innovatrices.

Par exemple, le 22 avril on pouvait lire sur Facebook : 

« L’entrepreneuriat-études du Cégep Limoilou, en collaboration avec La Bûche Glacée, vous présente une conférence/échange en direct sur Instagram ???? intitulée « Entreprendre en temps de crise » de Sara-Jeanne Bouchard, propriétaire des bars laitiers La Bûche Glacée et finissante entrepreneure du Cégep Limoilou. ???? ???? Comme bien des entreprises, La Bûche Glacée a dû fermer ses portes face à cette crise. Sara-Jeanne et son équipe ont dû travailler jour et nuit pour trouver des solutions innovantes pour essayer de survivre! ???? ⭐️ C’est donc une occasion unique, pour tous ceux qui désirent entreprendre un projet, de venir poser vos questions et vous laisser inspirer malgré la pandémie. ???? ???? »

Dans un premier temps, il arrive que certaines pratiques enseignantes ne soient pas identifiées comme entrepreneuriales par l’enseignant lui-même, mais qu’elles le soient dans la mesure où elles favorisent le développement de compétences entrepreneuriales comme le travail en équipe, la prise de responsabilité ou la recherche de solutions collectives à des problèmes sociaux ou environnementaux. 

Une personne répondante entrepreneuriale d’un collège témoigne :

« Des profs ont même demandé en Gestion de commerce et d’autres programmes : comment adapter vos projets au contexte de la COVID-19 ? »

Il est donc de la responsabilité des répondants entrepreneuriaux de mobiliser les étudiants autour de leurs projets. Il faut maintenir l’entrepreneuriat éducatif parmi les priorités, car nous pouvons apporter beaucoup dans le nouveau contexte. 

Il est certain que le Web permet beaucoup de réalisations à mesure que des activités transitent de la classe au virtuel. Pensons aux relations avec les écosystèmes entrepreneuriaux : il faut continuer à construire des liens avec les Chambres de commerce, par exemple, et d’autres organisations qui sont intéressées à la technologie ou à la mise en place de projets consacrés à la résolution de problèmes dans la communauté. En particulier, on s’intéressera aussi aux initiatives en lien avec un meilleur équilibre environnemental et d’autres pratiques associatives qui stimulent l’entrepreneuriat et, en même temps, se consacrent aux défis de la société de demain. Les compétences entrepreneuriales et la démarche entrepreneuriale sont en mesure de démontrer leur pertinence dans le contexte actuel.

Hugo Laroche-Trottier de LABoîte du Cégep de l’Outaouais

L’animation entrepreneuriale, une intervention éducative

Il convient de démystifier la démarche entrepreneuriale et les compétences qu’il faut développer pour réussir. Bref, les répondants entrepreneuriaux doivent se réinventer en demandant aux élèves et aux communautés, qui forment ensemble les écosystèmes internes et externes des collèges, comment prendre un recul, comment répondre à la situation nouvelle ? Il convient de repenser l’intégration de la pédagogie et il faut se remettre en question dans la recherche d’un sens nouveau à notre action. Celle-ci passe par la création de liens.

En particulier, notons que l’enseignement pratique dans les programmes techniques doit être repensé pour faire plus de place à l’apprentissage autonome. C’est possible en planifiant les prises de contact avec l’étudiant à des moments particuliers, centrés sur les pratiques. Cet équilibre entre l’autonomie et l’encadrement doit être revu dans le détail, que ça concerne les ateliers, les laboratoires, les fermes éducatives ou d’autres lieux d’apprentissage qui ne peuvent être remplacés par des modalités virtuelles. Il faut identifier clairement ce qui est de l’ordre de l’enseignement à proximité et ce qui peut relever des interventions à distance, que ce soit sous forme de conférence vidéo, de contacts virtuels ou au moyen d’autres interfaces particulières qui seront développées par les collèges dans les semaines et les mois à venir. L’intervention entrepreneuriale, sa pédagogie autant que l’éducation à l’esprit d’entreprendre, sera d’un apport utile à la reprise des activités mais devra aussi être adaptée.

En conclusion, les répondants entrepreneuriaux des collèges ont convenu que de stimulantes discussions menées lors des rencontres régulières entre eux ou en petits groupes sont requises. Ils et elles ont convenu de former des comités particuliers centrés sur l’étude de différents sujets d’intérêt commun comme l’animation des clubs d’entrepreneurs étudiants à distance, la pédagogie entrepreneuriale appliquée, les technologies adaptées, l’organisation de concours ou d’autres événements dans ce nouveau contexte. 

Pour le PEEC, en cette période de confinement et suivant sa mission, il devient encore plus important d’être proactif en ce qui concerne l’animation de cette communauté de pratique grâce aux nouvelles technologies de communication. 

De toute évidence, les répondants entrepreneuriaux des collèges restent mobilisés et l’éducation entrepreneuriale au collège, plus pertinente que jamais !

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Notre Mission

Le PEEC outille les intervenants entrepreneuriaux des collèges afin d’intervenir dans tous les aspects de l’entrepreneuriat éducatif en enseignement supérieur. Ainsi, il favorise la persévérance et la réussite scolaire, de même que l’implication des apprentis entrepreneurs dans leur communauté. En complémentarité avec les autres organismes
œuvrant en entrepreneuriat, il stimule l’entrepreneuriat étudiant à travers ses trois
axes:

  1. La sensibilisation
  2. L’engagement
  3. La réalisation.

Le PEEC encourage l’apprentissage dans l’action et l’entrepreneuriat responsable et social.

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